mercredi 13 février 2013

Les cascades du Hérisson dans le Jura

Je vous présente aujourd'hui un site que je voulais voir depuis quelques années déjà. Il s'agit des cascades du Hérisson dans le Jura. On pense souvent qu'il n'y a qu'une seule cascade mais en réalité, il s'agit d'une succession de sauts (au nombre de 7), la dernière étant la cascade de l'Eventail, une vraie beauté de la nature. Pourquoi parle t'on des cascades du "Hérisson" ? tout simplement à cause du nom donné au cours d'eau qui leur donne naissance. Le "Hérisson" prend sa source à 805 mètres d'altitude comme émissaire du Lac de Bonlieu.

Lac de Bonlieu


Puis il s'étend et descend à travers le plateau du Frasnois et continue sur le plateau de Champagnole. Entre ces deux plateaux, il y a une dénivelé de 280 mètres sur une distance de 3 kms. C'est là que les cascades se succèdent.

On peut y accéder de deux manières : soit en commençant par la plus haute (le Saut Girard), soit par la cascade de l'Eventail (tout en bas). Dans les 2 cas, si vous voulez toutes les faire, il vous faudra faire environ 5-6 kms aller-retour pour retourner à votre véhicule. Idéalement, la visite doit se faire en période de pluie (automne) où le débit y est abondant.

Je les ai faites au mois de juillet. Par chance, il venait de pleuvoir durant plusieurs jours avant ma visite. Elles étaient donc bien en eau. J'ai décidé de commencer par le Saut Girard (tout en haut).


Cette cascade est haute d'environ 35 mètres. Une légende du XIVe siècle y est rattachée : le premier prieur de la chartreuse Notre Dame de Bonlieu, un dénommé Girard, désespéré par ses moins et ses sujets, se serait jeté du haut de cette cascade et c'est pour sauvegarder sa mémoire que le site aurait ainsi été nommé Saut Girard.
C'est également sur ce site que l'on trouve les plus anciennes traces d'exploitation de l'énergie hydraulique de toute la vallée du Hérisson. Il fut d'abord exploité en 1329 par le prieuré clunisien d'Ilay et l'abbaye cistercienne de Balerne. Les chartreux de Bonlieu vont par la suite prendre possession du site et y installer un moulin à blé qui sera géré par les villageois du Frasnois.
C'est l'arrivée du forgeron Pierre Besson en 1471 qui va réorienter l'activité du site vers la métallurgie. Des forges se construisent et grâce au soutien financier des chartreux, l'activité se développe bien. Malheureusement, la guerre de conquête de France Comté par le Royaume de France va mettre à mal l'activité et entrainera sa ruine économique et sa destruction physique.
C'est en 1690 que le prieur de Bonlieu décide de la reconstruction des installations. On distingue alors deux types d'activités : d'un côté les forges gérées par les moines, et de l'autre une clouterie dirigée par la famille Epailly.
L'activité cessera en 1844, faute de rentabilité. En 1911, les bâtiments sont réhabilités par un particulier et transformés en une élégante demeure.

Un peu en contre-bas du Saut Girard, je me rends sur le site de l'ancienne clouterie (aujourd'hui, totalement en ruine, bien que l'on puisse encore y voir les fondations et quelques bouts de murs des installations).


Le sentier s'enfonce dans la forêt et le "Hérisson" continue son cours vers la prochaine cascade, le saut du Moulin Jeunet.

Une petite photo du "Hérisson" à travers la forêt


Au XVe siècle, les seigneurs de Châtelneuf donnent de l'argent aux villageois du Frasnois pour qu'ils construisent un moulin sur le Hérisson, appelé "Moulin du Frasnois".
En échange d'un impôt, les villageois peuvent en faire un usage personnel. Mais ce premier moulin sera détruit durant la guerre entre 1635 et 1639. Les villageois ruinés, sont incapables de le reconstruire. 
Ils décident alors de le céder à Guillaume Grappe en 1663 qui va le restaurer et en faire une activité prospère. Plusieurs propriétaires se succéderont aux cours des siècles jusqu'à la destruction du moulin en 1875. Un an après, un marchand de vin de Lons le Saunier le rachète et le reconstruit. Enfin, en 1882, Séraphin François Jeunet en fait l'acquisition, ce qui deviendra le moulin Jeunet jusqu'en 1902.

Aujourd'hui, il ne reste plus grand chose du moulin mais on peut toujours voir un pan de mur envahi par la végétation.


Je continue mon chemin vers la prochaine cascade, le Saut de la Forge.


C'est l'une de mes cascades préférées.

La cascade suivante est celle du Château Garnier. En 1680, les habitants de Bonlieu cèdent un pré à la famille Grappe, meuniers, et déjà propriétaires du Moulin Jeunet. Ils y construisent une maison autour de laquelle ils cultivent le chanvre. Quelques années plus tard, cette maison sera transformée en moulin avec un imposant aqueduc pour l'alimenter en eau. Au début de XIXe siècle, le moulin est racheté par un médecin, Jean Joseph Garnier qui lui donnera le nom de "Château Garnier".


Il y vivra seul avec son domestique jusqu'à sa mort en 1834. La demeure fut démantelée 3 ans plus tard.
Les héritiers cèderont le tout (avec les parcelles et l'aqueduc) à "L'union électrique" en 1902.

Une vue un peu plus large de l'ensemble


Une photo du Hérisson qui continue sa descente à travers la forêt


La cascade du Gour Bleu vient juste après. Mais elle était prise d'assaut par les touristes, ravis de pouvoir y nager un peu. Je passe donc mon chemin, je prends juste une photo pour le souvenir.

La cascade qui suit est celle du Grand Saut. Malheureusement, celle ci était inaccessible ce jour là, surement pour des questions de sécurité : le terrain était en pente et glissant du fait des fortes pluies des derniers jours. La cascade porte bien son nom puisque l'eau fait une chute de 60 mètres de haut.
Je me contente donc de faire une photo d'une cascade qui est en aval du Grand Saut :


Et pour finir, la dernière et surement la plus belle cascade du Hérisson, c'est celle de l'Eventail. La chute d'eau fait 65 mètres.


Et une petite 2e que j'avais faite avec mon bridge quelques jours auparavant


Une petite vidéo pour le plaisir :


Ce site est vraiment exceptionnel, je pense que j'y retournerai en automne, à la saison des pluies ou en hiver quand les cascades sont gelées. Je vous conseille vraiment de le faire, ça vaut le coup d'oeil :)

Si vous avez aimé ce petit reportage ou si vous avez des questions, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire ;)


mardi 5 février 2013

La légende du Lac de Narlay

Le Lac de Narlay se situe dans le Jura, non loin des célèbres cascades du Hérisson. On peut en faire le tour, la ballade est très sympa.
Une légende raconte qu'il y a très longtemps, une fée apparut dans la région en plein hiver sous les traits d'une vieille mendiante. Elle chercha refuge dans le village de Narlay, situé dans une combe profonde, aujourd'hui occupée par le lac.


Malheureusement, tous les habitants lui refusèrent l'hospitalité excepté une brave fermière qui vivait dans une maison isolée au dessus du village et qui l'accueillit pour la nuit.
Au petit matin, avant de reprendre sa route, la fée prononça une terrible sentence contre celles et ceux qui avaient refusé de lui ouvrir leur porte.
Le ciel s'ouvrit et un déluge s' abattit sur le village, noyant les habitations des résidents. La source qui coulait au fond de la combe, habituellement paisible, se mit également à tout inonder.


Seule la maison de la fermière fut épargnée par le déluge. Quand à la fée, elle aurait trouvé refuge dans une grotte, près de la grange Bataillard et aurait donné aux eaux du lac la propriété de blanchir le linge sans lessive ni savon :)

Depuis, chaque nuit de Noël, le chant du coq nous  rappelle des profondeurs du lac la triste histoire de ces hommes et femmes, dont l'absence de compation et charité fut ainsi punie.